Parlement européen/Vote et partis

Innovons à l’occasion des élections européennes 2014 !

© European Union 2011 PE-EP/Pietro Naj-Oleari

En France, les élections européennes auront lieu 25 mai 2014.
© European Union 2011 PE-EP/Pietro Naj-Oleari

IDÉES – Cet article suggère deux innovations en vue des élections européennes de 2014 : d’abord, la possibilité pour un parti européen de présenter une liste autonome, et non pas indirectement par l’intermédiaire d’un parti politique national et, deuxièmement, une désignation plus ouverte et plus démocratique des candidats des partis à la présidence de la prochaine Commission européenne. Ces idées développées peuvent être mises en œuvre par n’importe quel parti européen, mais je les dédie particulièrement à mes amis du PPE (parti populaire européen) en raison de sa situation particulière au Royaume-Uni.

Des listes présentées par les partis européens

Bien qu’officiellement les partis européens soient en charge de la campagne pour les élections européennes, ce sont les partis nationaux qui sélectionnent les candidats pour les élections européennes. C’est seulement après avoir été élus que les nouveaux députés choisissent à quel groupe parlementaire ils veulent adhérer. Habituellement, cela est très prévisible, car la plupart des partis nationaux sont affiliés à un parti européen, mais parfois il peut y avoir quelques changements de dernière minute. Ainsi, par exemple, les députés italiens du Parti démocrate (PD) sont passés de l’ALDE au groupe S&D en 2009 (causant le changement de nom du groupe socialiste). Cette situation est problématique, notamment car elle « nationalise » les élections européennes : en premier lieu, les partis nationaux peuvent contrôler les sujets abordés au cours de la campagne électorale et utilisent généralement leur espace dans les médias pour discuter de politique nationale ; en second lieu, cette situation augmente le risque que partis nationaux remplissent leurs listes avec candidats avec des candidats qui ont perdu d’autres élections ou ont été déchu de positions importantes et qui ont donc besoin d’un « recyclage politique », indépendamment de leur intérêt pour la politique et les politiques européennes.

Plusieurs idées pour favoriser un débat plus européen ont déjà été formulées, par exemple, l’élection de certains députés sur la base de listes transnationales. Mais cette dernière proposition, soumise par Andrew Duff, n’a pas été adoptée et est peut-être un peu trop ambitieuse pour l’instant. Une étape intermédiaire consisterait à exiger que les listes de candidats soient établies par les partis européens et que les logos des partis européens remplacent totalement ceux des partis nationaux sur le matériel de campagne.

Je dédie à présent cette section plus particulièrement au PPE : nous n’avons pas de parti membre au Royaume-Uni depuis que le parti conservateur nous a quitté en 2009, à l’instigation de ses éléments les plus eurosceptiques. Les citoyens britanniques éliront 73 députés (près de 10% du total au Parlement Européen) et nous n’en aurions aucun au sein du groupe PPE. Alors, pourquoi ne pas présenter des candidats sur les listes du PPE au Royaume-Uni ? Ce serait une expérience intéressante qui pourrait ouvrir la voie à une généralisation de l’idée dans toute l’UE. Par ailleurs, je suis assez certain que nous pourrions remporter quelques sièges. En outre, cela montrerait qu’il existe une aile pro-européenne, modérée et conservatrice en Grande-Bretagne qui n’est actuellement pas correctement représentée. Les problèmes à résoudre sont, bien sûr : avons-nous les moyens financiers pour cela ? Pouvons-nous obtenir rapidement la personnalité juridique au Royaume-Uni (si nous ne l’avons pas encore, ce qui, je suppose, est le cas) ? Et pouvons-nous trouver des candidats dans un court laps de temps ? Bien sûr, une adoption rapide de la proposition sur les partis politiques européens et des fondations politiques européennes devrait faciliter les choses : il est indispensable d’éliminer le problème de l’obtention de la personnalité juridique dans chaque Etat membre et de faciliter les contributions financières privées aux partis européens.

Le processus de désignation du candidat à la présidence de la Commission européenne

Ma deuxième proposition d’innovation concerne le processus de sélection du candidat à la présidence de la Commission européenne. Les partis européens ont convenu de désigner un candidat avant les prochaines élections de mai 2014, tentant ainsi de mobiliser davantage les citoyens en donnant un visage à leurs campagnes respectives. Mais, à l’heure actuelle, les modalités pour choisir ce candidat ne sont pas clairement définies. Une première idée, qui serait aussi la plus démocratique et transparente, serait d’organiser des primaires à l’échelle européenne. Cela favoriserait l’ouverture des médias à la politique européenne et susciterait un débat sur les politiques européennes. Par ailleurs, les citoyens se sentiraient plus impliqués et participeraient donc probablement davantage aux élections. Bien sûr, il y a aussi des obstacles importants : le coût de ces primaires, le peu de temps à disposition pour les organiser, et les questions linguistiques – les débats entre les candidats auraient-ils lieu uniquement en anglais ou dans les trois langues véhiculaires de l’UE (anglais, allemand, français) ? Aussi, une solution alternative pourrait être l’élection du candidat à la présidence de la Commission européenne par les députés (50% des voix) et les représentants des partis membres nationaux (50% des voix). Cette solution permettrait d’associer les représentants nationaux déjà au stade de la sélection, ce qui pourrait faciliter le choix ultérieur par le Conseil européen. Et les électeurs seraient indirectement représentés par leurs eurodéputés.

Mobiliser les citoyens pour les élections européennes de 2014 est essentiel. Dans un contexte de rupture croissante entre les citoyens et la politique (et pas seulement la politique européenne !), il est nécessaire de rechercher des idées novatrices. Ce court article espère apporter une petite contribution à cet effort.

Pierre-Antoine KLETHI

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